Émotion, performance & data : l’analyse de données dans le sport de haut niveau  avec Florent Manaudou

Dans le monde compétitif du sport de haut niveau, la technologie et la data prennent une place de plus en plus prépondérante. Florent Manaudou, icône de la natation française, quadruple médaillé olympique, champion du Monde, d’Europe et de France (rien que ça !) nous offre un aperçu fascinant de l’utilisation des données analytiques pour améliorer ses performances sportives et sa préparation aux JO de Paris 2024.

L’importance de la Data dans le sport moderne

Tout le monde le sait, une victoire dans le sport de haut niveau se joue à la milliseconde près. L’utilisation de l’innovation en matière de data pour l’amélioration de la performance sportive est donc une évidence. Elle permet de comprendre le fonctionnement du corps dans les moindres détails (en allant du sommeil à la récupération lactique) dans le but d’optimiser les entraînements. “Par rapport aux autres athlètes, je suis très axé data. J’aime comprendre mes axes de forces”, déclare Florent Manaudou, qui utilise une grande partie de l’année une bague connectée pour surveiller ses cycles de sommeil, par exemple. Il porte aussi régulièrement une ceinture HRM, pour suivre son rythme cardiaque et son tonus musculaire.

“On surveille aussi mon alimentation, notamment mon taux de glucides”, poursuit-il. Il mentionne également l’importance de la mesure du “lactate”, une donnée physiologique cruciale pour améliorer la récupération après un effort sportif considérable. “Cela nous aide à faire mettre au point des sets d’entraînement (en intégrant de l’aérobie par exemple) qui permettent au corps de mieux récupérer”, explique Florent. Cette approche, plutôt scientifique, lui a permis d’ajuster ses habitudes de vie pour s’assurer une performance optimale. Dans le sport moderne, l’analyse de données est donc  devenue incontournable. Les capteurs de mouvement, les applications d’analyse de performance et l’intelligence artificielle offrent des insights précieux qui peuvent transformer la manière dont les athlètes s’entraînent et rivalisent.

Dans un livre paru en août dernier intitulé “Data et sport : la révolution”, les auteurs Yannick Nyanga et Aurélie Jean explorent les méthodes modernes d’entraînement des sportifs d’élite et l’impact sans précédent de l’analyse de données et des technologies avancées dans ce domaine, offrant aux athlètes et aux équipes de nouvelles opportunités pour améliorer spectaculairement leurs performances. Des institutions gouvernementales, comme l’INSEP, l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance, sont même dédiées à la recherche scientifique, technologique et numérique appliquée à la performance sportive. À l’approche des JO de Paris 2024, c’est un sujet d’actualité incontournable dont s’emparent plusieurs entreprises innovantes et centres de recherche.

Le juste équilibre entre data et intuition

“J’aime beaucoup utiliser la data pour piloter ma performance et aller chercher les quelques pourcentages qui vont me permettre de finir sur le podium”, dit-il. Mais comme l’explique Florent, il n’est pas toujours facile de pointer l’impact exact de la data dans la performance sportive. “La data ça reste de la data, mais il y a le feeling aussi”, souligne Florent Manaudou. Pour réussir, il est d’avis que l’aspect mental et émotionnel dans le sport est tout aussi important que les statistiques. D’après lui, la gestion de la pression et la confiance en ses propres capacités physiques sont cruciales pour gagner.

Il est donc important pour un sportif de haut niveau de trouver le juste équilibre entre les données scientifiques et le ressenti, pour atteindre un niveau de performance exceptionnel. “En compétition, j’oublie la data et je suis sur les sensations”, ajoute-t-il. Cette dualité entre chiffres et instinct, Florent Manaudou a appris à la maîtriser au fil de sa carrière. “L’intuition se développe avec l’expérience et l’entraînement. C’est elle qui aide à prendre des décisions rapides et précises, qui font la différence dans les moments clés d’une compétition” dit-il.

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Le rôle clé de l’entraînement et la préparation

Au-delà de l’analyse de données, la gestion de la pression et la confiance en soi sont des éléments centraux dans la performance sportive. Florent partage un souvenir qui l’a marqué, lors des JO de Londres en 2012, dont il est ressorti médaillé d’or : “Souris”, c’était le dernier conseil donné par mon coach, juste avant la compétition”, révèle-t-il. Florent souligne ainsi l’importance de rester détendu et de profiter de l’instant, même sous pression, et que la performance n’est pas seulement une question de condition physique, mais aussi de résilience mentale et émotionnelle.

“Quand on est un athlète, on se prépare toute l’année pour un moment”, dit-il. Cela inclut non seulement la préparation physique, mais aussi la préparation mentale, essentielle pour gérer la pression des grandes compétitions. “Pour gagner, je me dois d’être heureux dans ma vie personnelle aussi”, poursuit-il.

“Avoir confiance en soi, ça peut ouvrir des portes incroyables. D’ailleurs, je ne m’attarde pas sur l’amélioration de mes points faibles en natation, sinon tu finis par te comparer, puis tu arrives en compétition et tu te trouves nul. Je préfère me concentrer sur mes points forts”, explique-t-il.

Une attitude positive donc, le secret d’un champion olympique comme Florent Manaudou. “Il faut savoir faire baisser la pression, surtout quand on fait du sprint. Il faut trouver un mix entre la force et le relâchement. Si jamais tu es trop tendu, ça ne marchera pas.”, conclut-il.

La carrière de Florent Manaudou offre des insights précieux sur l’importance de la data dans le sport de haut niveau. Son approche équilibrée et intuitive révèle qu’atteindre le sommet de la performance sportive nécessite plus qu’une simple condition physique. Alors que nous nous dirigeons vers les JO de Paris 2024, il est clair que le juste milieu entre données et “feeling” ne sera pas seulement une stratégie pour les athlètes, mais un symbole de l’harmonie entre l’humain et la technologie dans la quête de l’excellence sportive. Et nous n’en sommes qu’aux balbutiements.

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